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Manque(s)

Publié le par Mathias LEH

L’absence

La solitude

Des mots tendus, rendus.

Parler, en soi, en dedans, dans les meurtrissures, dans l’amour, face à l’inconnu des corps liés, dire, se dire, redire, se perdre, s’alerter, calmer les feux, en allumer d’autres…

Assis sur un caillou. Solitaire en dedans, ouvert au dehors, les plaies se nouent et se dénouent.

Les entrelacs de l’absence.

J’ai des existences dans le creux du dos, des solitaires au fond de moi, des éclairs dans la nuit des folles assemblées… Des gueules d’envie, d’ennui, rouler les hanches de l’autre, des mots entre nous, des mots avec soi, se bercer et bercer le monde, le rendre doux, potable et laisser venir, se méfier sans jamais assez…

Un papillon passe, jeune dans le vert des chlorophylles incessantes, je le dis, je le pense, je lui saveur dans les mots, je ne suis que mot, je ne suis que de cette alliance fragile, terrible et redoutable, des mots, de l’imaginaire et du vécu... pas d’instinct que celui des syllabes, poursuivi par les lettres, dans les spirales interminables, dans le corridor d’une vie, une quaranterre s’ouvre, les volcans rugissent dans les pas des fougères roule boule.

Ô matin doux des lacs de houle, ô soleil de plomb des montées escarpées, je reste solitaire dans cette quête perdue d’avance, dans ces flots miens, dans l’amour, le seul, le vrai, aimer le mot, lui donner force.

Tu ne comprendras pas, je ne comprends pas moi-même ; ils me portent et m’emportent…

Ils sont les plus vieux amis, ils ont eu place avant tous, ils ont été le monde, ils ont rendu le monde supportable, ils ont tissé l’imaginaire flot qui me sauve puis manque me perdre… J’en ai usé des heures, des souliers de mots sur la route de mes terres d’imagination, combien de faux mots, de belles paroles, combien de compassion d’enfant, combien de pactes sourds, de haines pacifiées ?

Une place, un tertre dans le monde, un lieu entre vous et moi avec lui… Mon bon mot, celui qui brûle et l’autre qui caresse… Quelle permanence mon amour, quel lien ?

Je regarde la mer, loin et proche, là et qui va si loin, les écumes, des bribes.

Vous êtes de l’autre côté, vous êtes ailleurs, votre temps croise le mien, il est en avance. J’ai pris ce voile, ce monde, ce retard de quelques heures, je me suis mis là, dans cette histoire d’Afrique, de torture, d’esclavage. Il en faut de l’inconscience, de l’envie et une recherche qui ne cesse…

Tu ne comprends pas, mais moi non plus. Je sais les écarlates gouttes, l’insidieux paradoxe de ma perte et mon rebel attrait des confins… je sais les mots, la vie et j’apprends, ils sont là, ils parlent ce mot, ils sont ce monde mais vous, vous n’y êtes pas…

L’amitié, lourd fardeau de ma solitude qui se rêverait absolue et désert des sens, mon attaque des mesures, mon flot à moi-même !!!

Il pleut, le ciel de gris et d’étain se referme, je cours nu dans la brousse, tu ne le sais pas, je fais des secrets au monde entier. Mon corps larvé, déchu, marqué et dérisoire, porte, porte porte petit chaperon et que le loup qui te hante ne sois que ta soif de vie !

Rendez-vous avec vous, regard dans le flou, je ne sais pas parler du tac au tac dans l’appareil des modernes, je ne peux que mal soutenir l’image qui se meut sur les écrans, et pourtant… Sommes-nous disparus à ce qui fut ? Il n’y aura pas de retour, pas de « comme avant », je sens cette page tournée, les puits se rebouchent un à un, ils communiquent avant de se dissoudre, les bals sont éphémères mais le sentiment demeurent et nous mutons.

Nous mutons la relation, mon cœur chagrin, chafouin, est là, lent et frustre, il rechigne, se contente de peu, de rien puis de tout, relativisme d’emprunt vie dans les trésors du mot.

Comment ? Il se faudrait tout perdre et des tisseraies seraient nôtre ?

Des fils entre nous, ils sont là, ils peuplent ma vie de toiles et d’araignée des nuits d’errance…

Alors je ne dis pas, je laisse des symboles, totems des anciens temps, enfant que je reste, terrible et doux, ni bon ni beau, je passe et repasse dans les raies de lumière, je souligne les caresses mélopées du passé…

Cueillir des mots, cerises de mes désespoirs.

Pas de mystère, je ne sais pas dire ce « je t’aime » qui calme et apaise, je lance des mots comme une éternelle alerte, une question ouverte sur le monde et sa béance. Je tais cet écart entre toi et moi, ce monde qui part et repasse, un mot, un temps, un objet, rien de coordonne vraiment, jamais.

Le corps, le sexe, les amours, tout reste à, mon secret, la déchirure, je me déchiquette de nous, de cette liaison feu argent, je le sens.

Vous n’en savez rien, je tais encore les mots, le vrai des mots est essence folle, pétrole des poètes, argent flot, mensonge absolu !

Prends une main, ce corps, serre-le, mon ami, mon amie, ce manque de toi, de vous…

Nuages qui azurent parfois les horizons, ce qui manque ? Ce partage. Vous donner ce lieu, sa force, son désir fou dans le passé et l’oubli, l’incompréhensible Afrique perdue et le français qui vogue vague et devient…

Alors oui, le manque, simplement.

Tu me manques.

De cet amour de l’amitié faire un quotidien, savoir cet espace à demi vide nécessaire de cette vie choisie, apprivoiser l’écart, en faire force et aimer, aimer, aimer encore.

Vous me peupler et je vis de mots pour vous, aussi, souvent.

Offrir et se conserver.

J’apprends.

Je suis seul je suis deux, je suis trois, je suis même parfois quatre.

Je prends la magie de ce terreau, la flûte créole chante. Chaleur placard des nuits…

Je se perd. Un nous autre, il est là, au-dessus. Il aide, il fait lien, je te le donne, il est à nous, tous, le temps est tourbillon, le totem, le fléau, la perte et les retrouvailles, dans les sons, les griffes de la lettre.

Il faut lâcher les chiens.

J’accepte.

Je vous garde et jamais ne vous perd.

Je suis dans vous, pour vous, en nous…

Il pleut, sur les routes de nos amitiés, sur le parc de nos passés, sur le jardin des futurs…

Que c’est bon, j’arrose, des clapotis…

Manque(s)
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