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101

Publié le par Mathias LEH

101

Les nuits intérieures. Tu les connais aussi bien que moi. Tu les parcours. Autrement.

Je voulais venir au creux de ta voix, au sein de ta douleur car j’ai enfin compris.

Ne me regarde pas et ne parle plus.

N’essaie pas de me toucher, la nuit est là, elle me recouvre, je ne suis déjà plus qu’un fantôme.

J’ai perdu au jeu de cache-cache que j’ai joué avec moi-même, je n’ai pas voulu abandonner la plaine où les larmes se déversent.

 

Cent une fois j’ai cru la perdre.

Cent fois j’y suis revenue.

Quatre-vingt dix-neuf fois j’ai cru être libre.

Quatre-vingt dix-huit fois nous nous embrassions comme des adolescents impudents.

Quatre-vingt dix-sept fois la pluie tombe, tombait, tombera.

Quatre-vingt seize fois je te regarde, tu pars, tu te perds.

Quatre-vingt quinze fois les heures, l’attente.

Quatre-vingt quatorze cigarettes, le cendrier déborde.

Quatre-vingt treize fois l’éjaculation.

Quatre-vingt douze cris perdus dans les échos.

Quatre-vingt onze semaines.

Quatre-vingt dix jouissances.

Quatre-vingt neuf enfants perdus.

Quatre-vingt huit interdictions.

Quatre-vingt sept violations.

Quatre-vingt six mots tendres.

Quatre-vingt cinq pardons.

Quatre-vingt quatre mots sincères,

Pas un de plus.

Quatre-vingt trois caresses.

Quatre-vingt deux gifles.

Quatre-vingt unes promesses proférées au petit matin.

Quatre-vingts mensonges.

Soixante dix-neuf venins quotidiens.

Soixante dix-huit verres de vin.

Soixante dix-sept bières.

Soixante seize tessons sur le chemin du repentir.

Soixante quinze bras.

Soixante quatorze fois je t’enlacerai.

Soixante treize fois tu me tournes le dos.

Soixante douze abandons.

Soixante et onze retours, le creux, la faille.

Soixante dix sourires radieux, odieux.

Soixante neuf fous rires.

Soixante huit fois danser, à bout de souffle.

Soixante sept chants éraillés.

Soixante six étoiles si brillantes.

Soixante cinq firmaments au bout des doigts.

Soixante quatre fois pleurer de rire.

Soixante trois fois sentir le sol qui se dérobe.

Soixante deux fois te remercier.

Soixante et une fois te maudire.

Soixante fois baiser ton front quand tu dors.

Cinquante neuf petits mots laissés au petit jour.

Cinquante huit jurons ravalés.

Cinquante sept jolies filles dansant dans ton sillage.

Cinquante six jours pourpres à te serrer tout contre moi.

Cinquante cinq mois d’oubli.

Cinquante quatre secondes pour tout retrouver.

Cinquante trois branches de mimosa.

Cinquante deux fleurs de tilleul.

Cinquante uns serments au pied de la montagne.

Cinquante mariages arrangés.

Quarante-neuf fois « je ne reviendrai pas » !

Quarante-huit brassées de terres.

Quarante-sept larmes avalées.

Quarante-six regrets.

Quarante-cinq sabots.

Quarante-quatre poèmes tus.

Quarante-trois fois se retrouver si con.

Quarante-deux fois le savoir si bien.

Quarante et une façon de te dire adieu.

Quarante peaux dépecées puis enterrées.

Trente neuf fois courir courir courir.

Trente huit sauts dans le vide.

Trente-sept cordes.

Trente-six effrois.

Trente-cinq oublis.

Trente-quatre refrains stupides.

Trente-trois amours factices.

Trente-deux baisers volés.

Trente et une baises malhabiles.

Trente surprises.

Vingt-neuf déceptions amères.

Vingt-huit espérances enfantines.

Vingt six arbres plus grands que le monde.

Vingt-cinq regards animaux.

Vingt-quatre fourrures.

Vingt-trois fois s’échapper.

Vingt deux fois l’envie d’être retenu.

Vingt et une fois ton regard doux.

Vingt fois le bonheur, après.

Dix-neuf portes ouvertes.

Dix-huit fois y voir trouble.

Dix-sept patiences bleues.

Seize fois sur le feu.

Quinze fois la brûlure de la honte.

Quatorze fractures.

Treize couteaux.

Douze meurtres.

Onze fois ma mère.

Dix pères.

Neuf doigts.

Huit cœurs.

Sept oublis.

Six républiques.

Cinq missives brulées.

Quatre amours.

Trois fois je te tuerai, mère.

Deux enfants.

Une vague.

 

Ce n’est pas ma maison, c’est une prison.

Je le sais.

Nous avons grandi là, on nous a dit qu’il est doux de se chauffer auprès de cette cheminée, mais moi elle me brûle, elle m’étouffe, elle m’enserre. Je ne suis pas là.

Je suis parti pour le continent perdu, ma terre, mon île, je me suis perdu.

Je n’ai pas vu que je n’avais pas assez de racines, que je ne serai rien, que je devais être le mouvement pour survivre. Dans le mouvement je grandi, je m’enfuis, je m’abandonne avant qu’ils ne le fassent.

Les mères hurlent dans la nuit, elles ont créé ce linceul doux, elles attirent à elles les mots, les secrets, elles sont ce qu’il y a de plus tendre et de plus désolé dans le monde, les pères les décevront toujours plus que les fils, les sirènes n’ont pas de parole, le vrai est dans le vent.

J’ai aimé, j’ai trouvé havre dans les bras de ceux qui avaient cette cage au creux des reins, j’ai compris, je viens à toi avec ce secret.

Chuuuuuuut ! Ne dis rien.

L’amour c’est peut-être cela avant tout, je ne veux plus le savoir, les bras des branches, les branches des serpents, des cheveux flambent au soleil de la connaissance, le monde est creux, vidé parfois,

Marée basse des amours, je monte sur le dos du petit cheval bleu des montagnes d’ici-bas, j’aime le doux chant des grenouilles dans le lac au couchant, je dors là, j’attends, le pouls est là, je te regarde, je t’effleure, je m’en vais…

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