LAZARUS from Bowie
Lazarus
Il faudrait qu’il regarde par ici,
Le souffle est saccadé
L’émotion affleure de toutes parts
Plus jamais.
C’est le premier jour
Celui où il sait
Où il ne pourra plus jamais être réellement insouciant
C’est maintenant.
Il a pleuré
Enfin
Soudain
Au bord d’une grande rivière
Triste
Lente
Sombre.
C’était avant le premier évènement.
J'ai des cicatrices, qui ne se voient pas
J'ai mon histoire, qui ne peut être volée
Il la connait maintenant…
Regarde par ici,
Je suis en danger
Je n'ai plus rien à perdre
Je plane si haut que la tête me tourne
Je tombe
Ça ne me ressemble pas ?
Ça ne se peut pas…
Ça ne rime à rien…
Il le sait
Il comprend qu’il ne faudra pas chercher
Que ça ne servira plus jamais à rien
Que le sable recouvrira
Finalement
Ce n’est pas prémédité
Ce n’est pas un choix délibéré
Ce ne peut être un plan
Une suite
Tu te trompes !
Lorsque je suis arrivé
sur une île
J'ai vécu comme un vieux roi
Puis j'ai perdu tout mon argent
Je cherchais après toi
C'est comme ça ou jamais
Tu sais,
Que je serai libre
Tout comme cette tortue bleue
Maintenant, est-ce que ça ne me ressemble pas ?
Oh je serai libre
Tout comme ce colibri
Oh je serai libre
Ça ne me ressemble-t-il pas ?
Alors tends ta main
Embrasse le vol suspendu dans cet inlassable battement d’ailes
Le frémissement bourdon des ailes colibri.
Tu ne comprends pas
Tu es mon Lazarus
Tu ne meurs pas
C’est impossible
Tu mutes
Tu passes et repasses
La mort n’est rien
Je peuple l’absence
Je te redonne vie chaque jour
Chaque putain de seconde…
Cet amour
La pluie
La nuit
Tu viens
Reviens
Dans l’éternelle nuit d’après
Quand ce fut arrivé.
Tu pousses la porte
Tu parles
Tu t’avances vers moi
Tu viens et je te fuis
Encore
Même si je reste dans ton sillage
Je ne veux pas t’écouter
Tu me ferais presque peur…
Il ne faut pas croire comprendre
Une radicalité hors du temps
Une pulsion qui s’articule soudain
Une conjonction terrible, simple, indéniable
Ça s’ouvre alors, ça parle
Il faut y aller
On ne peut plus tricher
On ne peut plus parler le monde
On se fond à l’unisson.
Tu y as pensé
Tu en as vaguement parlé
Mais rien.
Ils viendront
Les mains et les yeux emplis de mots
Dégoulinants et assoiffés
Mais rien ne peut être dit
Rien ne s’inscrit
Je ne suis plus là
C’est tout
Il fallait bien te suivre
…
Mon frère, mon père
Nous en sommes là
La route de Corinthe
Le croisement
Tu n’es plus mon ennemi
Tu es mon frère
Nos âges se reflètent enfin,
Prends appui sur mon épaule
Fais-moi confiance
Ne doute pas.
Dans la grotte
Juste avant
Tes yeux sont absents
Je suis le fils
Je suis le gentil petit gros
Je te regarde
Je ne te vois pas
Ma voix trop douce
Mes airs trop féminins
J’oublie…
Cette douleur
Cette voix qui me ronge
Tu n’es plus là.
Mais ton corps se balance de souffrance
Tu t’accroches
Lâche papa, lâche !
Les cellules se sont longuement disloquées
Le sang est sale.
L’oppression prend fin, je serre ta main, je parle pour parler, créer une mélopée
Je me pétris de paroles débiles
Tu es mort.
Les vagues ont travaillé
La vie s’est étiré
Tu as ouvert par ta perte une vie déportée
Je n’ai pas pu tenir le monde dans la main qui était alors mienne
As-tu délivré la peur et le faux semblant ?
Avais-je tant peur de toi ?
Vivre dans ton ombre ?
C’en était fini…
Avant toi ton frère,
Après toi tes parents,
Puis Elle, mon amie ma douce
Je ne restais plus entre deux eaux
Il faut que je sois ce courage que personne ne m’a jamais crédité
Les petits pds n’ont aucun courage !
Je suis amputé
D’un père
D’une amie
D’un oncle
Le trou au milieu de moi
La béance dense
J’ai regardé ce saut
J’ai aimé revoir ton sourire,
Ta bouille
L’amour que nous n’avons pas assez partagé
Ma vie dans les ornières
Mon retrait du monde par la peur
J’ai abdiqué et tu es resté là
J’ai perdu
Et je regagne
Je viens
Alors il saute
Il s’insinue rapide et bref dans la roche
En bas,
Ça gronde
Ça rugit
Il se fracasse sur les parois rocheuses avant d’arriver
Il sera bel et bien abasourdi en tombant dans l’eau
Il n’a pas réfléchi
Bref
Lazarus
Nous reviendrons
J’ai le même âge que toi
Nous partons ensemble…