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LAZARUS from Bowie

Publié le par Mathias LEH

LAZARUS from Bowie

Lazarus

 

Il faudrait qu’il regarde par ici,

Le souffle est saccadé

L’émotion affleure de toutes parts

Plus jamais.

C’est le premier jour

Celui où il sait

Où il ne pourra plus jamais être réellement insouciant

C’est maintenant.

 

Il a pleuré

Enfin

Soudain

Au bord d’une grande rivière

Triste

Lente

Sombre.

C’était avant le premier évènement.

 

J'ai des cicatrices, qui ne se voient pas

J'ai mon histoire, qui ne peut être volée

Il la connait maintenant…

 

Regarde par ici,

Je suis en danger

Je n'ai plus rien à perdre

Je plane si haut que la tête me tourne

Je tombe

 

Ça ne me ressemble pas ?

Ça ne se peut pas…

Ça ne rime à rien…

Il le sait

Il comprend qu’il ne faudra pas chercher

Que ça ne servira plus jamais à rien

Que le sable recouvrira

Finalement

 

Ce n’est pas prémédité

Ce n’est pas un choix délibéré

Ce ne peut être un plan

Une suite

Tu te trompes !

 

Lorsque je suis arrivé

sur une île

J'ai vécu comme un vieux roi

Puis j'ai perdu tout mon argent

Je cherchais après toi

 

C'est comme ça ou jamais

Tu sais,

Que je serai libre

Tout comme cette tortue bleue

Maintenant, est-ce que ça ne me ressemble pas ?

 

Oh je serai libre

Tout comme ce colibri

Oh je serai libre

Ça ne me ressemble-t-il pas ?

Alors tends ta main

Embrasse le vol suspendu dans cet inlassable battement d’ailes

Le frémissement bourdon des ailes colibri.

 

Tu ne comprends pas

Tu es mon Lazarus

Tu ne meurs pas

C’est impossible

Tu mutes

Tu passes et repasses

La mort n’est rien

Je peuple l’absence

Je te redonne vie chaque jour

Chaque putain de seconde…

 

Cet amour

La pluie

La nuit

Tu viens

Reviens

Dans l’éternelle nuit d’après

Quand ce fut arrivé.

 

Tu pousses la porte

Tu parles

Tu t’avances vers moi

Tu viens et je te fuis

Encore

Même si je reste dans ton sillage

Je ne veux pas t’écouter

Tu me ferais presque peur…

 

Il ne faut pas croire comprendre

Une radicalité hors du temps

Une pulsion qui s’articule soudain

Une conjonction terrible, simple, indéniable

Ça s’ouvre alors, ça parle

Il faut y aller

On ne peut plus tricher

On ne peut plus parler le monde

On se fond à l’unisson.

 

Tu y as pensé

Tu en as vaguement parlé

Mais rien.

 

Ils viendront

Les mains et les yeux emplis de mots

Dégoulinants et assoiffés

Mais rien ne peut être dit

Rien ne s’inscrit

Je ne suis plus là

C’est tout

Il fallait bien te suivre

 

Mon frère, mon père

Nous en sommes là

La route de Corinthe

Le croisement

Tu n’es plus mon ennemi

Tu es mon frère

Nos âges se reflètent enfin,

Prends appui sur mon épaule

Fais-moi confiance

Ne doute pas.

 

Dans la grotte

Juste avant

Tes yeux sont absents

Je suis le fils

Je suis le gentil petit gros

Je te regarde

Je ne te vois pas

Ma voix trop douce

Mes airs trop féminins

J’oublie…

Cette douleur

Cette voix qui me ronge

Tu n’es plus là.

Mais ton corps se balance de souffrance

Tu t’accroches

Lâche papa, lâche !

Les cellules se sont longuement disloquées

Le sang est sale.

L’oppression prend fin, je serre ta main, je parle pour parler, créer une mélopée

Je me pétris de paroles débiles

Tu es mort.

 

Les vagues ont travaillé

La vie s’est étiré

Tu as ouvert par ta perte une vie déportée

Je n’ai pas pu tenir le monde dans la main qui était alors mienne

As-tu délivré la peur et le faux semblant ?
Avais-je tant peur de toi ?

Vivre dans ton ombre ?

C’en était fini…

 

Avant toi ton frère,

Après toi tes parents,

Puis Elle, mon amie ma douce

Je ne restais plus entre deux eaux

Il faut que je sois ce courage que personne ne m’a jamais crédité

Les petits pds n’ont aucun courage !

Je suis amputé

D’un père

D’une amie

D’un oncle

Le trou au milieu de moi

La béance dense

 

J’ai regardé ce saut

J’ai aimé revoir ton sourire,

Ta bouille

L’amour que nous n’avons pas assez partagé

Ma vie dans les ornières

Mon retrait du monde par la peur

J’ai abdiqué et tu es resté là

J’ai perdu

Et je regagne

Je viens

 

Alors il saute

Il s’insinue rapide et bref dans la roche

En bas,

Ça gronde

Ça rugit

Il se fracasse sur les parois rocheuses avant d’arriver

Il sera bel et bien abasourdi en tombant dans l’eau

Il n’a pas réfléchi

Bref

Lazarus

Nous reviendrons

J’ai le même âge que toi

Nous partons ensemble…

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