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Résister ?

Publié le par Mathias LEH

Résister ?

Dans les hauts parleurs des écrans permanents…

Le monde moderne.

Les temps modernes.

Le progrès s’accompagne toujours d’une perte, d’un regret.

Le passé vient se poser sur le présent et l’avenir se couvre des cendres d’une lucidité scientifique cruelle.

Ce qui est bon ne l’est que rétroactivement.

Peut-on pour autant être vraiment contre le progrès de façon pleine et entière ?

Il est de bon ton de se méfier, d’être contre tout en goutant allègrement les fruits du progrès…

Et que celui qui ne jouit pas du progrès jette la première pierre !

Pour preuve peut-être cette irritation permanente, cette maladie de l’opinion tonitruante, le moi se vaporise partout, il faut se positionner, vite, mal, la plupart du temps…et sans trop de mots ! On sera rétréci si c’est trop long, on ne vous lira pas ! Les images bien largement suffisent !

Donc de plus en plus partisan du silence, apprendre à réfléchir, à se taire, à attendre…

Le recul, le repli…

Une bulle dans le monde, rester connecter à la chlorophylle du monde et non pas à la data !

Regarde ce monde, le mien, le nôtre, nous y sommes, nous y vivons…

Subir, croire, courber, retrancher mais être satisfait, le biberon t’attend toujours quelque part ! Tu mangeras ce que tu aimes, de sucre, de sel et de gras ils te couvriront, tu auras toujours de quoi te branler sur un écran à disposition, on fermera les yeux là-dessus aussi, dors tranquille !

Et en quoi ne suis-je pas en train de me mettre en argumentation de moi-même, de mes choix ?

Les informations défilent, les chiffres, les courbes, les pseudos explications…

Il faut sauver ce monde, il faut sauvegarder, vivre une guerre, et derrière, chaque lettre pour chaque mot, chaque mouvement pour la cadence, l’économie, la sacro-sainte, la production, le bien, ne pas perdre, pas trop, posséder, vaille que vaille !

Et s’il fallait justement enfin choisir sciemment de perdre, d’être enfin les perdants ?

Que la race humaine accepte, capitule devant le vivant, accepte un leg, une dette, la perte.

Nous sommes arrivés là, nous sommes à un seuil, comme d’autres, comme avant, comme après ? Qui sait…

Je ressens au fond de moi une violence intense, inouïe, quand de grandes personnalités importantes, influentes, me disent que je fais partie des nantis qui doivent consommer à tout prix pour permettre à l’économie de fonctionner, « faites tourner la machine ! », et si je trouve que la machine est le problème ? Et si je ne veux plus la voir marcher comme avant ? Et si je refuse de perpétrer le bonheur de la possession permanente ? Et si je rêve que les voitures disparaissent ? Et si enfin je ne veux plus de l’ascension ?

Ascension sociale

Ascension financière

Réussite

Evolution

Sortie de la zone de confort

Possession

Responsabilités

Prise de risques

Et j’en passe et des meilleurs…

Tout un pan de la belle sociologie gaucho même, avec son ascenseur social de merde où je suis monté, où je me suis retrouvé de plus en plus forcé de vendre mes convictions aux plus offrants, chier sur la gueule des idéaux pourquoi ?

Une poignée de considération ?

De belles idées, des promesses et au final ?

RIEN !!!

Les abrutis de mon espèce cherchent avant tout de la considération là où d’autres veulent du pouvoir et des biens, de la réussite sonnante et trébuchante, la responsabilité de la nation, mon cul oui !!!

Je ne supporte plus l’idée qu’il faille tirer les gens de leur milieu pour les mener ailleurs. Les mener où et de quel droit ? Il y a donc un lieu où tout est meilleur ? Il y a donc un milieu bien meilleur que les autres ?

Il est donc bien mieux d’être un homme blanc macho de classe moyenne supérieur d’origine catholique ? C’est un peu ça, non ? Bien entendu je caricature mais tant que ça ? Et de plus en plus de groupes se constituent pour créer un « contre-pouvoir » entrant dans cette même logique selon laquelle leurs valeurs seraient les bonnes !!!

Mais il n’y a pas de vérité !!! Non, il n’y a pas de vérité que toujours relative ! Nous ne serons jamais jamais jamais objectifs ou au prix de notre propre humanité !

Alors non je ne pense pas que les valeurs de la république soient mieux que d’autre, non, je ne pense pas que pour être bien, résilient il faille gravir inlassablement les échelons sociaux, je ne veux pas devenir un saltimbanque de ce système déguisé en honnête homme ou pire en scientifique ! Je vis au milieu de personnes qui ne me ressemblent pas car je ne suis pas comme eux, je vis au milieu de personnes qui me ressemblent profondément car elles sont humaines et ressentent aussi, pas avec les mêmes filtres forcément mais qui suis-je pour juger du bon ou mauvais filtre ?

D’où vient de ce pays qui est le mien et que j’aime comme on aime une famille qu’on n’a pas choisi, qu’on aimerait quitter parfois mais qui vous a mis au monde avec ses valeurs, d’où vient cette idée folle d’être au-dessus, de posséder les bonnes valeurs ?

Comment peut-on prôner l’intégration des étrangers et le dictat de sa culture quand on claironne partout et depuis des siècles que l’on a tout compris, quand on a imposé à des millions de personnes dans le monde sa langue, ses valeurs et même sa religion ?

Tolérance ?

Je pense que l’intégration n’est possible que lorsque l’autre choisit vraiment de venir, de changer quelque chose de lui pour être avec moi, c’est long, douloureux, on ne se quitte pas aisément, on ne le fait que si l’on se sent respecté… Est-ce le cas aujourd’hui ? Je ne le pense pas !

Je crache sur l’idée que si l’on veut s’en sortir il faut réussir socialement, devenir riche et bien placé ! Que réussir c’est quitter une forme de quiétude et finalement de respect de l’autre car la réussite aujourd’hui me semble impossible sans un certain mépris !

Que l’on me dise moraliste et con, c’est probablement le cas, je prends le risque, j’endosse le costume, je ne suis pas le dernier sur la liste des salops, loin s’en faut, mais justement ! Je n’irai pas au bout, je saute dans le vide mais pas celui de l’hyper consommation, de l’aveuglante et ronronnante société des écrans et des crédits permanents… Ils disaient que la vie est ailleurs, peut-être pas si loin, peut-être juste à côté mais il faut le faire ce putain de pas de côté, chacun à sa façon, chacun à son rythme mais le faire !!!

Je conchie les grands messes, les « il faut » et m’y voilà, eh bien tant pis, je prône juste un arrêt progressif de la totalitaire croyance permanente en un progrès vers toujours plus, toujours avoir plus, toujours gouverner plus, toujours contrôler plus, toujours être plus au centre… Être toujours prêt à faire guerre à l’autre, au cas où !

Je ne consens plus, je me sens enfin assez autonome pour dire simplement, calmement, non, pour attendre de voir ce que cela fera pas à pas, ne pas être radical, à quoi bon mais ne plus aller le sens du vent et de la belle économie capitaliste moderne, contrôle et liberté de consommer…

Il n’y a pas de liberté, surtout par les temps qui courent mais il est possible de dire NON, clairement, aller les chemins de traverse, aimer les ciels de traîne et la mélopée des possibles, le chant des biodiversités humaines, animales, végétales quitte à en payer le prix…

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