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Le temps des anolis...

Publié le par Mathias LEH

L'anolis glisse sur la branche, regarde et se fige. Pas de peur dans ce petit regard.

Ils se coursent et transmettent le saurien effet depuis des heures et des heures et des heures. Ils observent nonchalants la transformation du manguier, la chasse aux termites, leur domaine se modifie, ils feront en sorte de poursuivre le reptile combat, quoiqu'il advienne.

Le chat russe miaule, demande et s'étire le long des branches. La pluie, fine et suspendue se disperse puis revient. Le chant des oiseaux emplit par bribes l'espace sonore. La route est au loin. Vous n'en savez rien. Vous demeurez à la lisière du monde intelligible, du domaine des tropicales feuillages. Dans le murmure et l'affront des hautes futaies, là où règne le crissement de l'écrevisse et la pince sauvage du crabe d'eau, dans la pourriture des hauts bambous et le glissement des anciennes laves volcaniques.

Dans ce bleu qui ne le reste jamais, dans ce ciel de traîne permanente où la chaleur étend ses droits en dehors de toutes prescriptions, passe une frégate comme un voilier au loin, elle étend son noire plumage et décrit un ballet à jamais achevé.

Je demeure en eau trouble. Je suis à et n'y suis pas. Je vois ce monde de mon œil d'homme des antipodes, du fond du vieux continent. On ne se décrète pas autre du jour au lendemain, on n'ôte pas son identité comme un habit de chasseur. Mon âme de gentil trappeur randonneur ne se suffit donc pas à elle-même ! Elle s'abreuve de mots , de sensations et des souvenirs, de ce temps en vrille, de ces lamentos dans les nuits, de ces sourires infinis dans le rétroviseur d'une vie...

Je cueille le temps d'ici, la pomme éternelle, l'éclat diamant au creux des instants, ne pas se laisser succomber à l'appel des comparaisons grises et ternes.

Viens l'anolis, porte mes pensées sur ton dos reptilien et soyeux. Emporte aigrette mes soucis d'européen bien pensant, croque mon temps et sève le quotidien. j'en ai tant besoin. L'extase est de mise, ne gâchons pas tout !!! Enfin...

Je suis saurien et ne comprends pas ton langage long, étroit et capitonnée. Tu ne dois plus, tu ne peux plus. le petit chat est parti comme l'eau sans cesse revient la rivière puis la mer, l'inexorable course, la pluie du quotidien, le sel des mers et océans. je chasse l'insecte et épreuve l'extinction chaque instant. Viens...

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