Enferno
Le lendemain est malade
Chaque jour est infirme
J’ai ce trou, cette plaie, cette faille,
Je n’ai pas choisi, je savais qu’il fallait le faire
J’ai pris la boule en moi, je ne peux pas te laisser me quitter aussi simplement
Une vague plus grande que toutes les autres, cette lumière bleue si profonde
Moi seule peux la voir
Par de-là, bien au-dessus mais dans le souterrain, un œil
Depuis je suis enfant, depuis le commencement, quand les mots sont enfin venus, j’étais enfermée en moi, murée
Il a fallu cette lutte, cet arrêt de tous les moteurs pour que je pleure au fond de la nuit, en moi
Cette lumière, dans l’écume
Je voyais cet animal, étrange et beau, cette bouche dans le noir et le souffle des nuits
Il effleurait mon visage, il touchait mon corps, j’existais
Il aura fallu attendre
J’ai pris la douleur dans le creux, dans le pli, j’ai imité les ancêtres
On apprend à ne plus nager, se laisser aller au courant
Je m’attachais à ta carapace, je voyais tes mouvements sourds, lourds, je ne ressentais que la nuit et le silence, tout le sable de mon corps s’était retiré
J’ai peu à peu fui, j’ai pris des mots et de la douleur, pas à pas, doucement, je mettais le souvenir, les couleurs et les sensations en quarantaine…
On fait comme on peut, tu ne jugeras pas, tu avais promis, et de ta pitié je fais une paillasse, tu me connais déjà !
Je suis redevenue infirme au matin, dans la lumière de ce qu’ils appellent amour, pourquoi sombrer ? Puis-je enfin me dérober ? Le goût du bonheur reste celui dont il faut le plus se méfier, il laisse le plus de traces, des regrets comme des montagnes.
Je flotte, j’ai appris à la faire, je passe ces heures dans l’eau, je ne me concentre même plus, une machination !
Je respire
J’enchaîne ce trois temps des eaux salées, je tends et lance mes bras.