Les strates
Serait-ce un énième chemin de traverse ?
Les amours passés, les amours futurs, tout s'espace,
Estompe
Il te faudrait accepter
Il faudrait arrêter d'en retirer cet arrière goût de satisfaction sale
Sur la meute, dans les cibles qui me hantent
Les périls demeurent
Je n'ai pas trouvé ma maison
L'enfant court doucement dans les champs, la nuit approche
Tu donnais au temps sa raison, je renvoyais la responsabilité sur le réverbère
Je ne suis pas celui qui reste, je ne suis pas celui qui souffre
Je sais soudain
Je suis
Seul sur mon île
Dans ce doux et terrible exil qui me coupe et m'appelle
Je ne suis que cette immense étendue d'eau sombre et parfois douce
Un océan intérieur
Des remous
Tant de replis
Ma peau
Moi peau
Je ne peux éternellement mettre cette apocalypse de limites entre le monde et moi
Toi comme limite à mes certitudes étroites
Maîtrise infernale
J'ai voulu croire les semaines closes
J'ai retiré les fenêtres de leurs gonds
Tu étais là
Chaque pincée est alors de trop
Pris dans les tourbillons de mon intransigeance
Je suis déraciné
Seule façon de me sentir appartenir ?
Serait-ce alors si triste ? Si fatale ?
Dans mes caves, au grain de mes terres, dans le moisi de mes humus
L'inde, les montagnes, le vert des lacs et l’œil d'une tortue dans le fond des plages
Yeux et paupières faussement closes
Tout s'oppose
Fracas, tonnerre assourdissant
Et si tu viens
Un "j'adviens" renaît, dans les méandres, dans cette reconnaissance étrange
De ce vide qui n'est pas une place
Magma où je m'étale et me répands
Du lit d'antan, plus le goût et la saveur
Candeur, où et quand ?
Ensevelir l'idéal fou et destructeur pour tisser ce chemin
Mon chemin
Traverse entre plusieurs mondes, amour des récifs
Difficulté mutuelle dans le regard du monde
J'ai le goût des extrêmes
Je ne veux plus assouvir le monde et les êtres à mes désirs, aux paralytiques névroses qui m'habitent...
Je quitte le rivage natal
Définitivement
De ce caillou lent
Vers toi
Vers ce que je fus
Je prends distance
En comprendre, en connaître le prix
Il le faut
Il y a nécessaire enjeu
Dans les eaux troubles
Les mains se palpent
Les corps se cherchent
Rien n'a disparu
Il est de ce bruit derrière les portes
Cet archer lent et cuivré
Du violoncelle la mélopée
S'attacher à cette musique, confiance dans l'iris du chat qui passe...