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Les cercles dans la nuit...

Publié le par Mathias LEH

Les cercles dans la nuit...Les cercles dans la nuit...Les cercles dans la nuit...

Les cercles dans la nuit. Tu tournes, je vire. Les souvenirs affleurent. Les bons, les mauvais et surtout les autres, les blancs, les sans étiquettes.

Ressentir l’infini des draps tout autour de soi.

Simplement te plaindre. Faire de l’embrouillamini des lettres les larmes qui ne coulent pas.

D’où vient que tu ne le fais pas ? D’où vient cette colère sourde qui hurle et se perd ?

La facilité, la tranquillité : se ranger derrière quelques certitudes et mettre au dos de l’autre tous les maux. Je ne puis plus. Je vais les sentiers égarés au creux des feuilles, à l’ombre des flamboyants.

Je te cherche, je ne trouve que solitude infinie. Tournes et retournes mon présent, peur. Une peur lourde et silencieuse ; assise au creux des jours anciens, elle se languit, elle me dévisage.

Pourtant un matin, dans le plat morne moment des heures pâles, quand la rosée engourdit les jardins, tu es là. Tu agis comme à ton habitude. Tu prends ma main, je ne dis rien, je n’ai pas de force contre toi, je me laisse enfin aller. Il est temps.

Tu as une peau d’écaille et des yeux de chats, je ne te vois pas, je te devine, dans les heures sombres.

Tu te poses à mes côtés, dans le sommeil, dans la nuit. Les pentes.

Sais-tu aujourd’hui comme je me sens aride, vidé, laminé ? Je sens les labours jaunes et tièdes évidés, stériles. Perdu à nouveau une part de moi, que restera-t-il enfin ? La moelle ? Les os ?

Les voix chantent dans la nuit, hululent sans autre son que cette corde.

As-tu pris le pouls de la douleur ?

Les méandres de la lave qui s’écoule, aux yeux de tous, les nuées ardentes de mon cœur ! Je savais, j’ai vu arriver et j’ai poursuivi. Pris le volcan dans le puits, sombré les lettres d’or.

Le regard perdu, dans les hauteurs, je sombre, je sombre et embrasse le ciel et les nuages courts. Tu ne comprends rien, soit, je m’en fous, j’embrasse la toison de la mangouste qui passe, je prends perles d’eau sur les mousses, que cette pierre jaillissante m’emmène, loin, si loin…

Je lève soudain les bras vers le ciel, je danse désespérément dans les vents, je suis cet homme seul, rebelle à la destinée, qu’elle me rattrape, je le savais bien.

Je te fuis comme mes propres fantasmes, je ne crains rien de plus que moi, je range les flots et j’attends les marées, elles sont en moi, elles sont ma colère. Tout ce qui est là est avant tout mon fruit et ma pulpe, fini de rejeter le fiel.

Tu es ma lune, tu organises le ressac de mon âme qui aime ces déchirures, elle m’agace et m’épuise.

Dans un vide éteint, à la lumière des béances, je te vois. Tu as rasé mon crâne et pris mon sourire. Tu souris, de ce sourire apocalyptique que je connais si bien.

Je ne veux pas que tu m’embrasses, jamais. Mes lèvres sont sales. Mes lèvres se désagrègent soudain.

Je te sens si proche, je croyais t’avoir perdu.

Je te sens prêt à surgir et faire de mon corps un sac. Je n’abrite rien, je laisse les secrets habiter des mots que tu n’atteindrais pas, il me reste cela, tu ne peux atteindre les strates au-delà du mot, tu es vaincu.

Il existe une place, un lieu secret, au-delà les sels et les essences, au-delà le végétal et le vivant, dans le vol blanc du héron, à la lisière du battement d’ailes du colibri, je sillonne la lettre, elle me peuple, transfuge.

Tu n’as pas vu car tu ne sais pas, tu n’as pas compris car tu es pris en dehors de cela. Je ne suis plus le même. Lors de ta dernière visite. Je prends visage du temps, je suis feuille d’automne et, curieusement, cela me rassure, je vais à la suite, je vais à l’arbre et au sol, je serai humus.

Tu ne connaitras pas l’état rugueux qui m’habite, impossible ! Il est étrange de constater, au seuil de ce moment entre nous, que tu désires tant ce qui me pèse et que pourtant je ne te donnerai pas.

Tu aimerais attraper, ce à quoi je reste très perplexe, l’essence.

Nous renonçons un peu plus chaque jour, chaque seconde… De chair et de sang, d’émotion et de ressentiments, tu n’as pas les mots, tu n’as que le sens,

animal.

Je suis perdu par les mots, envahi par des idées.

Je lutte, je ne vais pas plus loin avec toi, je ne peux pas renoncer à cet élan, ma sève, bien par-delà tout le reste, tu n’as pas idée. Alors sois compréhensif, regarde le firmament de ma solitaire embardée, tu n’as pas idée.

Je regarde dans le blanc de mes yeux, la qualité de ta présence se dilue, il arrive soudain cette évidence : tu n’es plus ici à ta place, je ne puis plus t’abriter et te donner chair, quelques mots tout au plus, je ne te chasserai pas, tu es ici en terres amies. Je suis seul, simplement, sans toi, les eaux troubles ne le sont d’autant plus que tu y demeures avec moi, tu es ma complaisance dans les replis, triste reflet noir que j’admire tant et trop… Il nous faut nous séparer, quitter les fleuves étroits de la compassion romantique…

On ne grandit pas à rester dans le flou d’amours livides, on ne jouit que de tristes tropiques dans l’amour de soi triste. Arrête la peur et les jérémiades, quitte les écailles et du sable doux et chaud fait œuf de vie.

Opta

Sigma

Alea

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