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Luce et Marguerite

Publié le par Mathias LEH

L’amour.

Cette illusion, cette détermination au fond, fin fond des yeux.

On n’attrape pas l’amour avec des pièges à colibri. On n’attrape pas l’amour, on tombe en ses filets.

Savoir peu à peu les tendre et pourtant, étrangement, en rester dupe.

Prisonnière.

Des chants bleutés à l’orée des rizières, des mélodies dans le chant des grillons bridés.

Cette morne hardiesse. Cette force détonante. Ce lâcher prise qui les attire comme du miel…

Prendre de plus en plus d’élan. Qui en fut le premier messager ? Qui ?

Faire de la vie un roman, trouver là matière. Faire du roman une morne part de vie, longue, tracée et pleine de vide…

Tout cela ne veut jamais rien dire. Perdu dans les confins. Cela ne fait rien.

Suis-je héroïne, suis-je enfin digne d’attention ?

S’amuse sans cesse, à double tranchant de ce pouvoir nouveau et sans cesse renouvelé sur eux, sur le désir, sur cet allaitement venu se fendre au creux de ton corps…

Le mystère demeure. Elle recouvre le tout et ses mots brouillent les pistes. Concis et flous. Un art, de l’ombre, toujours, de l’ombre dans la lumière du texte. Garder. Conserver au silence sa force, au mystère son aura.

Lol. Mon enfant ma sœur. Ma mère. Songe à l’âpre douceur…

Pourtant. Je laisserai. J’irai ailleurs. Des soleils humides. Des plaines troubles et lointaines. De ce vide que l’on parvient à combler, peut-être…

Etre proche, être contemplatif et aller ce monde. Pourquoi ces photos, pourquoi elle ?

Les multiples facettes.

Femme polysémies.

Choisir une disparition.

Le ravissement.

Me ravit…

Mère. Foyer opaque. Ce regard tien. Mythologie abandonnée. Pas d’écriture. Des mots perdus, repris, trafiqués. Dans l’oubli. Dans la toile des mensonges vrais, dans la sombre turpitude des substances devenues incontournables.

Y revenir. S’y perdre. S’y noyer ? Me pendre au sein de tes souvenirs ?

Le fantasme demeure de cette femme tentacule que tu incarnas avec défi et jouissance dans les années fastes, quand se déroulait pas à pas le champ de sa psychose.

Mon amour et ma faille, tout se perd et s’ordonne en cette béance, en suis-je débarrassé ? Non car j’en garde le goût, la souvenance, cette idée des paradis perdus. Mon royaume, ma lutte et cette perte éternelle…

Dans le nid, dans le lieu des alentours, rien n’était ordonné comme dans ce bas-monde, nous vivions en cercles rapprochés, je reste entaché.

Je ne veux pas que revienne le temps, je reste œil perdu, je n’ai pas l’audace et le goût du désir, je ne suis pas enfant mâle porté au pinacle et j’ai forgé ma virilité au creux des chemins de traverse, dans la paternité et les nuits. Le désir se fraye chemin, pas à pas, il est rude l’enfant de la gorgone, il est perdu le désir de celui qui fut à celle, dès le départ ? Du cheval la plainte dans le sang des langes… Morsure femelle, émasculation précoce…

Les fantasmes en masses serrés…

Cours le chat, va la belette… Du colibri le chant gutturé. Désabuse le soleil et les lunes.

Mère. Luce. A la lueur des bougies de mots.

Sème des phrases, tue les antans.

Les apparences ne peuvent être sauvées… Pourtant. Certitude jaune et fauve. Le fleuve se régénère à la source.

Aimer. Cet amour dictée. Cette question sur la bonne orthographe de nos relations. Cet élan perdu. Cette méfiance gagnée. La mise à distance donnant enfin droit de vie, pleine et entière.

Je sème le vent. Autant. Mes apparences mortes. A qui et pourquoi plaire. Les parents morts.

Surannée. Mélopée du bonheur. Illusion des profondeurs.

Ne pas trop s’y perdre. Ne pas trop rester. De ton histoire hantée ne pas trop me vider. Ne pas se répandre. S’étendre simplement.

Ton nez mutin. Ton regard avide et droit.

Pas de peur. La folie comme masque.

Tant de temps. Ne pas exagérer. Savoir. Tu as toujours eu, collé à toi, force indélébile, tâche des méandres, le désir, l’envie de plaire et du corps frayer la fuite.

Etre mère et femme de, oui, parmi le reste, dans la pluie de tes fuites, dans le champ de tes pistes.

Il manque.

Crainte et perte retrouvée.

Au fil de l’eau. Par pour toi. Il manque. L’immuable. Ne pas avoir de repères.

Tu fuis. Contre sens. Perdu où ? Par qui ? Pourquoi ?

Viol ? Inceste ?

Il n’y a pas de permanence. Impossible. Là s’enracine probablement ta folie. Ta douce, terrible et indicible à moi folie.

Mais je vieillis et tu t’éteins peut-être au loin. Je sais de plus en plus à quoi m’attendre et j’ai fait de toi un passif, une souveraine reine des abysses passé. Comme du père la toile des souvenirs se tisse mais le présent est tout différent. Je ne saurai jamais guérir totalement de vous, toujours mes racines.

De ce quelque part qui n’est pas un lieu mais une appartenance je suis. Fierté des failles, des infinis, en dehors, j’ai fait une vie tout en allant dans le rang, à ma façon, je tombe et retombe. Je me brise le corps à être ailleurs mais je vis, je sens chaque parcelle de mon corps m’appartenir enfin. Loin loin loin et si proche, ne vous en faites pas, je reste l’aîné de ce couple fêlé et superbe… J’aime et vous aime de l’illusion de vos tracés d’étoiles filantes et dérisoires comme nous ne le sommes que tous !

Viens à ma nuit, éteins les craintes, écris les mots Marguerite et aide ma vie à prendre direction, je cours, tu buvais, l’isolement au milieu du vacarme du monde, les voix qui grouillent et donnent vie, qu’il faut bien libérer parfois même si elles ne racontent qu’une histoire, la nôtre mais fausse et chaque fois régénérée du vide imperturbable qui nous relie au sol, du vide qui fait l’espace entre les mots, entre les lignes, d’entre les morts, vrais et faux, faux et attrapés dans le creux des fantasmes tissés.

Vous m’avez donné vie dans la force de vos illusions, dans l’élan de son désir que j’ai retrouvé vingt ans plus tard, marcher et s’arrêter.

J’aime encore.

Luce et Marguerite
Luce et Marguerite
Luce et Marguerite
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