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Le gris du ciel

Publié le par Mathias LEH

Compte gouttes. Sans bruit. Dans la torpeur du gris d'un été. Désintégration progressive.

Je ne savais pas. Ils ne me croient pas. Ont-ils raison en fait ? Suis-je encore en train de mentir ?

Ecrire, mentir ? Je ne donne du monde que ma triste et pâle version... Ils sourient, ils s'en foutent finalement, je suis déjà loin.

Ecrire tout contre le gris. Ecrire loin du chatoyant et des écureuils. Ecrire le phosphore des jours et la verveine des nuits. Le dérisoire à l'angle de chaque lettre.

Tu me reproches le gris et j'allume mes incendies, de jaune et d'or mais les mots sont ternes.

Des lieux, mes souvenirs, insectes qui crépitent, braises de l'oubli.

Des hommes, des femmes, des enfants, je quitte, j'abandonne, je me lasse. Je me cache dans la fuite ? Nous verrons, le routes sont distendues et les fils tendus. Tu peux sourire. Je t'embrasse et te mords sèchement la lèvre, j,aspire le mince filet de sang, tu le sais bien...

Que reste-t-il et que restera-t-il donc ?

La terre natale ? Le seuil qui fut le mien ? L'esprit enregistre chaque moment, les secousses sismiques d'une existence et ne laisse que le limon des instants.

A la lisière.

Basculement. Je sens ce vide, ce froid et cette force des profondeurs. Un souffle rauque. Mon monstre, ma tendre douleur, cette candeur de l'enfance et la bêtise sempiternelle. D'y croire, gentil petit canard, vilain petit canard !

Les oies dodelinent sur l'onde et je suis soudain l'un des leurs, je suis, j'obtempère... Les rangs.

Le petit chat est mort. Le silence instantanément l'a recouvert. De ce voile. De cette perte inattendue et terrible. Je pleure sec.

Un homme s'est effondré. Sur la chaussée. Mes yeux pris dans la chute. L'instant suspendu. Etait-ce encore la mort, chienne lente et dérisoire ? Il vit. Il respire. Il est sale. Il est vidé. Et de ces yeux la souffrance, l'oubli et des maux à n'en plus finir. Les secours, mon oubli, le retour.

Qui restera ? Pourquoi ?

J'inscris et j'étire, les fils, les mots. J'appelle pour jouer à l'absent. Je reste lièvre et belette. J'attire le crépuscule dans mon regard. Douce volée d'oies sauvages, attendez-moi

Le gris du ciel
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